Voici la retranscription du discours du ministre du travail lors de la remise du rapport sur la détermination, la mesure et le suivi des risques psycho sociaux au travail que m'a transmis Nicolas BERBEYER du groupe COPLAN.
"Nous devons et nous allons lever un tabou en parlantde stress au travail.Le travail est source d’épanouissement, d’émancipationde promotion sociale mais aussi il peut être source dedifficultés, il peut être générateur de souffrance,nous devons tout avoir à l’esprit.On a longtemps connu la seule pénibilité physique, maisaujourd’hui de nombreux salariés ressentent unepénibilité psychique.Le stress a pendant longtemps été une question desociété, il est aujourd’hui une question de santé, desanté publique et de santé au travail.Je visite de nombreuses entreprises, les gens parlentdu stress entre eux, et notre rôle est de faire un étatdes lieux, et de proposer des solutions à celles etceux qui souffrent du stress au travail.Nous devons donc et nous voulons donc mesurer lestress, informer et agir, notamment au niveau desentreprises. Nous devons bien prendre conscience quenous sommes partis d’une page totalement blanche, quece rapport est une 1ère en France. C’est une 1ère étapequi marque a la fois une prise de conscience et unedynamique d’action.On ressent aussi en France, peut être plus qu’ailleurs,une dureté et une pénibilité au travail. Je voudraislivrer une explication, c’est que nous avons un travaildavantage concentré sur les 30-45 ans, nous avons untaux d’emploi des séniors parmi les plus faiblesd’Europe. Nous avons un taux d’activité des jeunesparmi les plus faibles d’Europe, si bien que nous avonsun travail qui est concentré sur les 30-55 ans.On ne guérit bien que ce que l’on connaît bien.L’objectif est donc de prendre toute la mesure dustress, d’y apporter les solutions, et de mettreclairement d’ici 2 à 3 ans, la France au niveau despays qui apportent les meilleures solutions contre lestress au travail. Les pays scandinaves et le Canadasont pionniers en la matière.A la suite de ce rapport, l’approche que nous allonsprivilégier sera à la fois collective et individuelle.Je souhaite que nous laissions les grands débatsderrière nous.[...]Nous avons bien sûr en tête des initiatives qui ont étémises en oeuvre dans plusieurs entreprises : tout cequi a pu être mis en place dans les entreprises auniveau de la prévention est une chose, mais nous devonsforcément avoir une action globale.Car j’ai aussi le sentiment que les conditions detravail sont d’ores et déjà un élément essentiel pourl’attractivité des entreprises et qu’elles le serontdavantage dans les années qui viennent, notamment dansune situation de plein emploi dans laquelle lessalariés auront davantage le choix entre lesentreprises Le stress au travail c’est aussi un coûtsocial et humain. Le turn over, l’absentéisme et labaisse de la productivité sont une chose, mais lemal-être en est une autre. Mais le stress disons leclairement c’est aussi un coût économique.Selon le BIT, le coût du stress dans les paysindustrialisés s’élève entre 3 et 4% du PIB dans lespays industrialisés. Pour la France, celareprésenterait environ 60 milliards d’euros. Pourl’entreprise, ce sont des pertes en termes deproductivité (absentéisme, arrêts de travail) et deperte de qualité. Pour la société ce sont la prise encharge des arrêts de travail, des maladies et desmédicaments. Une étude de la CNAM réalisée en 2004 amontré qu’1/4 des arrêts de travail de 2 à 4 mois ontpour motif des « troubles mentaux et du comportement »en particulier chez les cadres et les professionsintellectuelles.[...]Je voudrais vous dire ce qui à mon avis est essentielde retenir de ce rapport.La première partie tente de mieux délimiter et définirles RPS : le stress est le premier des risquespsychosociaux.La deuxième partie dresse la liste des indicateursexistants et propose de construire des indicateurssectoriels.La troisième partie avance des pistes de préconisationpour l’action publique.Vous faites huit propositions : - La construction d’un indicateur global du stress caraucun indicateur global et national n’existe à l’heureactuelle. Cet indicateur prendrait la forme d’uneenquête auto-administrée de périodicité annuelle.L’enquête en Grande-Bretagne n’est que bi-annuelle,l’annualité selon moi est quelque chosed’indispensable. - Utiliser comme indicateurs les outils qui existentdéjà - Lancer des expérimentations pilotes dans la fonctionpublique, ce qui montre bien que le travail sur cedossier est interministériel, il concerne Eric Woerthet André Santini ainsi que les différents ministères autitre de leur administration. Et bien évidemmentRoselyne Bachelot sur tous les sujets liés à la santéau travail. Nous avons à coeur de travailler ensemblesur ce sujet. Lorsque j’étais ministre de la santé, jetravaillais avec Gérard Larcher, j’ai l’intention defaire la même chose avec Roselyne Bachelot. - La quatrième proposition vise à analyser le rôle desincitations dans le fonctionnement de la branche AT/MP.Je n’oublie pas la question de la transposition desaccords pour laquelle il y a une mission de laDirection de la sécurité sociale en ce moment. - Le cinquième point est l’« Autopsie psychologique »des suicides : recenser les suicides de salariés autravail et procéder à leur analyse psychosociale. - Vous proposez en sixième point de lancer une campagnepublique d’information et en septième point de mieuxformer les acteurs au sein de l’entreprise et renforcerleur rôle. Enfin, vous proposez de créer un portailInternet à diffusion des entreprises et des salariéspour diffuser des guides méthodologiques et des bonnespratiques sur le modèle du site de l’agence de santébritannique.Je voulais vous dire que j’ai bien l’intention dereprendre l’ensemble de ces propositions et desoumettre toutes ces propositions au mois d’avril à lanouvelle conférence sur les conditions de travail.[..]Pour cela il nous fallait ce rapport, un plan d’actionqui sera présenté à la prochaine conférence sociale surles conditions de travail. J’ai souhaité présenté cerapport dès sa sortie mais nous allons proposer dèsmaintenant un groupe de suivi sur la politique destress au travail. [..]
Je crois sincèrement que la France peut se fixer commeobjectif d’être au niveau des meilleurs pays en matièrede lutte contre le stress d’ici deux trois ans"
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